L Un Est L Autre by Badinter Elisabeth

L Un Est L Autre by Badinter Elisabeth

Auteur:Badinter, Elisabeth [Badinter, Elisabeth]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Féminisme, Philosophie
ISBN: 9782253043980
Google: 70QEPQAACAAJ
Amazon: 202009178X
Éditeur: O. Jacob
Publié: 1986-10-14T22:00:00+00:00


TROISIÈME PARTIE

L’UN EST L’AUTRE

« Mon enfant, ma sœur,

Songe à la douceur

D’aller là-bas vivre ensemble !

… Au pays qui te ressemble ! »

BAUDELAIRE.

« Voici venir le temps de l’androgyne… »

APOLLINAIRE.

PROCLAMER que l’Un est l’Autre, n’est-ce pas céder à une provocation inutile ? L’anatomie, marquée du sceau de l’universel, est là qui nous défie. Quelle que soit leur évolution vers une plus grande ressemblance, l’homme et la femme se distinguent fondamentalement par leur appareil sexuel. La nature les a faits de telle sorte qu’ils se complètent et ne se confondent pas.

Laissons les subtils méandres de la dialectique platonicienne(560), nous savons bien que le verbe « être » n’indique pas seulement une relation d’identité. Dire que l’Un est l’Autre ne signifie pas ici que l’Un est le même que l’Autre, mais que l’Un participe de l’Autre et qu’ils sont à la fois semblables et dissemblables.

Si l’anatomie ne change guère au cours des siècles et des millénaires, en revanche l’histoire et l’ethnologie montrent que les sociétés ont des attitudes très diverses quant à l’importance attribuée à celle-là. Certains, comme les Mundugumor, tendent à minimiser les conséquences de la différence ; d’autres, au contraire, les accusent. Selon les temps et les lieux, hommes et femmes se perçoivent plus différents que ressemblants ou inversement. Évidence récente, insuffisamment méditée jusqu’à présent.

Aujourd’hui, en refusant que l’anatomie pèse de son poids sur le destin de l’être humain, les sociétés occidentales privilégient le rapport de similitude entre les sexes comme aucune n’avait pu le faire avant elles. En maîtrisant de mieux en mieux les phénomènes de la vie, en coupant les rôles et les fonctions sociales de leurs racines physiologiques, en prenant conscience enfin d’une bisexualité physique et psychique, longtemps déniée, nous réduisons l’altérité des sexes au strict minimum. Pour l’instant, la seule différence qui subsiste, comme un roc intangible, est le fait que ce sont les femmes qui portent les enfants des hommes et jamais l’inverse. Alors que la maternité reste la marque irréductible de la spécificité féminine, les hommes commencent à s’interroger sur la leur(561). Que leur reste-t-il en propre qui soit ignoré des femmes ?

À défaut de pouvoir répondre à cette question, hommes et femmes tendent de plus en plus vers un modèle unique. Au moment même où elles maîtrisent leur fécondité et détiennent l’essentiel du pouvoir procréateur, les femmes montrent à de multiples signes qu’elles n’entendent plus assimiler leur destin à la condition de mère, ni utiliser cette nouvelle puissance comme un moyen de chantage ou de mise en coupe des hommes. Là aussi, en prenant leur distance à l’égard de la maternité, les femmes font implicitement un pas vers leurs compagnons. L’emprise de la nature recule et, avec elle, la différence qui sépare les sexes.

Le rapport qui les unit est de nouveau en train de changer. On a cru déceler, dans les temps les plus lointains, une période de relatif équilibre dû à la séparation des rôles et des pouvoirs. Elle opérait le miracle de la vie. Lui osait défier la mort. Tous deux étaient



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